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Le paysage ne m'intéresse plus 

Mais la danse du paysage 

La danse du paysage 

Danse-paysage

 

Les zérotoutronds ne lisent ni pour se cultiver ni pour se distraire, encore moins pour en savoir plus long et surtout pas pour paraître "malin malin". C'est autre chose. Ils lisent parfois les livres à l'envers ou seulement une ligne sur deux. L'un d'entre eux fut très impressionné par deux vers de Baudelaire : « Les secondes, mortel folâtre, sont des gangues / Qu'il ne faut pas lâcher sans en extraire l'or »  

 On le vit quelques semaines plus tard titubant, le regard dans le vague, répétant à qui voulait l'entendre : « J'ai cherché à saisir l'instant, oui mais ça a raté et je n'ai réussi qu'à casser ma montre. » 

 

 

 

La mort prématurée d'un zérotoutrond ne vient pas a posteriori donner un sens à sa vie. Sa vie aura été vécue pour rien, c'est-à-dire rien que pour elle-même et pour l'enchantement de ce qui, parfois, se dresse à partir de rien. 


Ouvert à une nouvelle et incroyable rosée / A force d'être ras... / Et risible... / Et nul

 



Le zérotoutrond ne va jamais à l'église (il est plus rond que Dieu lui-même), sauf parfois pour faire prier les filets de julienne qu'il rapporte du marché. En revanche il ne manque jamais d'adresser une muette prière à l'escargot que par malheur son pied, pourtant si vigilant, n'a pu éviter d'écraser.

 

 

 

Le zérotoutrond traverse toutefois, à intervalles plus ou moins réguliers, de graves crises dont il réchappe comme par miracle et contre toute attente.

Poète à ses heures, le zérotoutond ? Maudit, le zérotoutrond ? Façon de parler car le zérotoutrond n'aime pas les grands mots (ce qui bien sûr ne l'empêche pas d'aimer Verlaine, à qui l'on doit les poètes maudits). Les grands mots il s’en fout pas mal, le zérotoutrond, le zérotoutrond se moque de tout. 

Le zérotoutrond est tout ; le zérotoutrond est zéro ; le zérotoutrond est rond comme un ballon.  

Il arrive qu'un zérotoutrond s'inquiète d'un rien et que, s'obstinant à se foutre de tout, il pleure néanmoins pour une chimère. Quand il est envahi par l'angoisse il reste inerte un long moment puis — sans que l'explication en soit bien claire — d'un coup se dresse, s'agite, gueule, véhémente, polémique avec des fantômes. Il dit un mot pour un autre, une chose et son contraire, insiste avec une conviction qui ne lui est pas coutumière sur la parfaite cohérence de ses propos contradictoires puis enfin, furieux, dépité, amer autant que fier, rit bêtement et longuement dans le conduit auditif d'un autre zérotoutrond — qui lui rend la politesse — avant de s'endormir, tout sourire, dans une odeur de jasmin.

Des fois il lui vient une idée : « Tiens, et si je me grisais ? » — mais il ne tient pas l'alcool.




Au début le zérotoutrond poursuit son idée fixe puis c'est elle qui le poursuit et pour finir ils se fondent l'un dans l'autre. Exemple : au début le zérotoutrond rêve de devenir rhinocéros, puis ce rêve le poursuit (son haleine chaude l'incommode et la pointe de la corne déjà lui chatouille les reins) et pour finir il devient le rêve du rhinocéros. On peut dire alors que le rhinocéros et le zérotoutrond sont entrés en parfaite connivence.

 

Dernière minute :

Dimanche 30 mai 2004, 12 h 34 : (Agence Retorse) ― Présidentielles : le candidat Z a dévoilé sa photo officielle. Il y apparaît, sans surprise, coiffé d'une chapka, affublé d'un énorme cigare et entouré de ses 8 maîtresses secrètes. Il a déclaré : «Je cherche un bar où boire et manger du bar !» Et après qu'il eut, au bar, bu et mangé du bar en compagnie d'un barbu, il ajouta : «Je trompe ma femme, mais ce n'est pas la tromper car le Z. ne possède rien ; votez pour moi car je n'essaie pas même d'avoir l'air compétent et parce que je sais dilapider l'argent public bien plus originalement que mon adversaire. De l'argent propre je ferai de l'argent sale et de l'argent sale je ferai de l'argent propre à satisfaire mes envies les plus littérales.» Alors il resta rêveur quelques instants puis se reprit : «Je ne connais rien aux zérotoutronds d'en bas et d'ailleurs je ne sais même pas s'il en existe et ça ne m'empêche pas de dormir ; de toute façon je ne serai que très rarement aux affaires car je compte occuper toute la durée de mon mandat à parcourir le monde à dos d'âne (tel le grand Stevenson dans les Cévennes), prenant bien soin de systématiquement éviter les demeures boursouflées des chefs d'Etat étrangers.»


Abandonne l'étude et par là le souci 

En quoi diffèrent oui et non ? 

En quoi diffèrent Bien et Mal ? 

Ce qui effraye autrui, dois-je m'en effrayer ? 

Quelle insondable absurdité ! 

Chacun s'échauffe et se dilate comme s'il festoyait au Sacrifice du Boeuf 

Ou qu'il montât sur les Tours du Printemps 

Moi seul demeure en paix, imperturbable 

Comme un petit enfant qui n'a pas encore ri 

Détaché comme un sans-logis 

Chacun amasse et thésaurise 

Moi seul je parais démuni 

Quel innocent je fais ! 

Quel idiot je suis ! 

Chacun paraît malin malin 

Moi seul me tais me tais 

Fluctuant comme la mer 

Je vais et viens sans cesse 

A chacun quelque affaire 

Moi seul je m'en abstiens 

Incivil et têtu 

Pourquoi si singulier ? 

Je sais téter ma mère.

 

Lotus

 

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