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Samedi 6 mars 2004, 22 h 57 : (Agence Retorse) — Un mystérieux groupe, répondant au nom de ZTR, menace de «faire sauter les trains trains quotidiens et les lignes trop rectilignes.» La menace est prise au sérieux par le ministère du Dedans.

Samedi 6 mars 2004, 22 h 59 : (Agence Retorse) — Les ZTR corrigent : «Ce que nous voulons plutôt c'est faire sauter les trains où vont les choses et les lignes de conduites.»

Samedi 6 mars 2004, 23 h 08 : (Agence Retorse) — Les ZTR indiquent qu'eux-mêmes ne souhaitent pas renoncer à leur train train quotidien. «Même s'il ne respecte que très rarement les horaires annoncés», ont-ils précisé.

Dimanche 7 mars 2004, 10 h 41 : (Agence Retorse) ― Le ministère du Zèle et de l’Économie décide d’en finir avec l’assistanat, de supprimer le Coup de Pouce aux Désargentés et de le remplacer par le suicide. « Pauvres, suicidez-vous ! Démocratisons le suicide !», a déclaré le porte-parole du ministère.

Dimanche 7 mars 2004, 13 h 31 : (Agence Retorse) D'après des sources peu fiables le groupe ZTR viendrait de se dissoudre, deux de ses trois membres ayant créé des mouvements dissidents. Quant au troisième, il s'obstinerait à rester fidèle au groupe initial et aurait déclaré : «J'ai horreur qu'on me dérange au milieu d'un match.  Rappelez-moi à la mi-temps !»

Dimanche 21 mars 2004, 19 h 00 : (Agence Retorse) ― Un Z. insensé sortant du Salon du Livre (où il avait en vain essayé de refourguer l'un des siens) se fit saluer par une pluie de grêle. Il eut de la peine à trouver un abri et lorsque enfin ce fut fait il s'y perdit dans ses pensées, si bien qu'il ne remarqua pas le retour du beau temps.

Dimanche 30 mai 2004, 12 h 34 : (Agence Retorse) ― Présidentielles : le candidat Z a dévoilé sa photo officielle. Il y apparaît, sans surprise, coiffé d'une chapka, affublé d'un énorme cigare et entouré de ses 8 maîtresses. Il a déclaré : «Je cherche un bar où boire et manger du bar !» Et après qu'il eut, au bar, bu et mangé du bar en compagnie d'un barbu, il ajouta : «Je trompe ma femme, mais ce n'est pas la tromper car le Z. ne possède rien ; votez pour moi car je n'essaie pas même d'avoir l'air compétent et parce que je sais dilapider l'argent public bien plus originalement que mon adversaire. De l'argent propre je ferai de l'argent sale et de l'argent sale je ferai de l'argent propre à satisfaire mes envies les plus littérales.» Alors il resta rêveur quelques instants puis se reprit : «Je ne connais rien aux zérotoutronds d'en bas et d'ailleurs je ne sais même pas s'il en existe et ça ne m'empêche pas de dormir, d'ailleurs je ne serai que très rarement aux affaires car je compte occuper toute la durée de mon mandat à parcourir le monde à dos d'âne (tel le grand Stevenson dans les Cévennes), prenant bien soin de systématiquement éviter les demeures boursouflées des chefs d'Etat étrangers.»

Lundi 13 septembre 2004, 10 h 12 : (Agence Retorse) ― Échoué tout au fond d'une cafétéria, au beau milieu d'un centre commercial on ne peut plus banal, je pense aux hirondelles, qui ignorent tout de la crise de Suez, aux lapins et aux écureuils qu'on aperçoit souvent dans les herbes folles ou sous les arbres dans la campagne alentour. La radio crachote une chanson de Claude François, je regarde les quelques grains de sable disposés entre deux vitres de la cafétéria. L'endroit me semble bizarrement (I love you because..., chante maintenant Polnareff) propice à la rédaction d'un long et grave poème célébrant le monde et l'accord (possible) des hommes avec la Nature (la mer les forêts les hypermarchés les décharges publiques les chats les scooters Vespa, etc.)... Poème que je n'écrirai pas cependant. La pluie se met à marteler le toit du centre commercial et je me sens heureux. Si j'étais un peintre zérotoutrond je ferais toute la journée de grandes et petites toiles évoquant la jeune chatte Moka chassant des papillons (lorsqu'elle est dehors) ou bien des élastiques (quand elle est enfermée). Si j'étais un poète zérotoutrond j'utiliserais les mots zaoum ! et orang-outang un peu à tort et à travers. Je voudrais que Z. passe à la maison ce soir. Nous nous installerions dans le jardin pour y boire du vin en attendant que la nuit fasse disparaître peu à peu les maisons au loin, puis les maisons plus proches, puis les arbres du jardin, puis nous-mêmes. (Pas de quoi s'affoler : même après la disparition des choses, la nuit en reste pleine.)

 

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